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Les tissages kilim turcs

Turkish kilims and kilim weavings

 

Contrairement au sens qui lui est souvent donné en Occident, le mot kilim (ou kelim) ne désigne pas un tapis tissé, mais une méthode de tissage qui s'appliquait à plusieurs types d'objets de la vie courante des Turcs, sédentaires ou nomades. Le mot kilim signifie aussi «natte», et même «manteau»; l'expression siya kilim, littéralement «manteau sombre» a le sens de «pauvre hère». A l'origine, le kilim servait de couverture et à protéger le sol des mosquées l'hiver. Jusque dans les années 1970, les derniers nomades de Turquie, les Yörük, employaient tous ces objets et les fabriquaient eux-mêmes, tout comme les populations paysannes semi-nomades (divers clans Turkmènes principalement) qui passaient l'hiver dans les villages des vallées ou les plaines (kishla) et l'été dans les campements de montagnes (yayla). Sur le tissage kilim proprement dit, se combinaient parfois d'autres types de tissages comme le cecim, le zili ou le sumak.

On classe les tissages kilim en revêtement de sol, ce qu'on désigne aujourd'hui par le seul mot de kilim, les farda (ou ferda, petits revêtements de sol), les seccade (kilim de prière) et les saf seccade (kilim de prière collective), les couvertures, les yastik (coussins), les çuval (sacs), les un çuval (sac à céréales), les couvertures de cheval (at örtüsü) et les gibecières.

La composition et les motifs décoratifs des différents kilim permettent dans une certaine mesure de les situer géographiquement, cependant, le nomadisme a été un facteur de diffusion de certains types à travers tout le pays à l'époque de l'empire ottoman, et même par delà les frontières iraniennes et caucasiennes, et il n'est pas rare de trouver des kilim similaires dans l'ouest anatolien et aux confins du Kurdistan. Les travaux les plus sérieux parlent, par exemple, de kilim anatoliens en général, ou précisent parfois kilim de l'ouest anatolien, d'Anatolie centrale, de l'Anatolie pontique, de kilim cappadociens, de l'est anatolien, de Sharköy (sud des Balkans) ou de kurdes. C'est l'habitude de classification livresque occidentale récente et la fabrication moderne qui, dans la période actuelle, ont géographiquement figé les types autour des villes, Konya, Kayseri, Sivas, Kirshehir, Yahyali, Tokat, etc., alors que le kilim est essentiellement de nature nomade et paysan. La classification doit se faire par rapport à une région où sont situées une ou plusieurs villes, et ces régions souvent se chevauchent (voir carte).

 

La vogue du kilim comme revêtement de sol en Occident vers la fin des années 1970 a fait que la fabrication principale s'est orientée vers la satisfaction des goûts de cette nouvelle clientèle : les motifs ont été sélectionnés en fonction de ceux-ci, sans vraiment tenir compte des traditons locales. Il n'est pas rare de nos jours de voir des kilim dont la partie centrale est anatolienne, les motifs de bordures caucasiennes et les motifs de remplissage kurdes. De même, les couleurs ont été adaptée à la clientèle européenne ou américaine, avec parfois des variantes selon les goûts nationaux, italien, allemand, français... On a inventé le kilim de soie, on a repris des motifs trouvés dans les décorations architecturales de la période seldjouke... Enfin les dimensions des kilim ont été modifiées pour s'adapter à la taille des appartements occidentaux.

kilim :

siya kilim :

 

BIBLIOGRAPHIE

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