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Les pillages

Lootings

 

Quelques citations

« J'avais remarqué, dès mon arrivée à Attopeu, un certain nombre de tombeaux dispersés dans les jungles, et la nature des objets déposés sur les tertres ne laissait aucun doute sur l'identité des cadavres qu'ils recouvraient. C'étaient bien des sépultures de Khâs. Depuis mon entrée au Laos il m'avait été impossible de me procurer même un simple crâne; les indigènes rôdant toujours auprès des villages, dans les mille sentiers qui serpentent au travers des broussailles, j'aurais été infailliblement surpris dans mon travail d'exhumation clandestine, et la violation d'une sépulture n'est pas une mince affaire dans ce pays où le respect superstitieux pour les morts est poussé à l'extrême. Comme en ce moment, grâce au choléra, on ne rencontre pas un homme hors des cases, je ne trouverai jamais, pensais-je, d'occasion plus favorable pour m'approprier quelques spécimens ostéologiques du plus haut prix, car il n'en existe pas un seul dans tous les musées d'Europe. Je choisis, dans un recoin bien protégé par le fourré, une tombe récente, et j'ordonne à mon Annamite, complètement stupéfait, l'ordre de se servir de la pelle que je lui avais fait apporter sans lui dire pourquoi, et de déterrer le cadavre. Voyant sa répugnance non dissimulée, je lui promets une piastre de supplément de solde par squelette; mais pour le décider plus vite, je lui permets d'aller chercher le Chinois A-hoï, mon préparateur, qui, lui, aurait déterré sa mère sans sourciller, pour un prix raisonnable, et qui sera payé au même taux.

Je n'entrerai pas dans les détails horribles de cette exhumation, que je considère comme une des œuvres les plus méritoires de mon exploration, surtout en plein choléra. Il fallut emporter les débris à la case, dans des hottes recouvertes de plantes aromatiques simulant une abondante récolte botanique, les jeter adroitement dans la rivière, et passer une partie de la nuit à un travail que seuls les anatomistes connaissent » (Docteur Harmand, «Le Laos et les populations sauvages de l'Indo-Chine», Le Tour du Monde, 1879-II, 1-48, p. 31).

 

« J'avais espéré beaucoup du pillage de la lamaserie de Batang. Jusqu'ici, les soldats qui avaient pris part aux sièges des lamaseries m'apportaient, heureux de s'en défaire, leur part de butin religieux : statuettes ciselées, reliquaires, livres et peintures. Mais à Batang les lamas ont eu le temps de cacher leurs trésors. Ce que les Chinois ont pu prendre a été accaparé par leur chef et vendu à Tcheng-tou. Et les bibliothèques tibétaines, n'ayant aucune valeur en Chine, ont été brûlées » (Jacques Bacot, Dans les marches tibétaines autour du Dokerla, novembre 1906-janvier 1908, Plon, Paris 1909, p. 71).

[En suivant les troupes provinciales chinoises, Jacques Bacot profita de la répression de la grande révolte tibétaine de 1905-1906 pour collectionner des objets d'art et des manuscrits qu'il rapporta ensuite en France].

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