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Sapèques ouïghoures Uyghur coins |
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3 - Monnaies des Ouïghours
de Qodjo
Après la mort de Boquq qaghan, le khanat ouïghour d'Ordubaliq ne trouva pas de chef apte à assurer une succession aussi prestigieuse, et les diverses tribus fédérées, les Basmils, les Karluks, et surtout les Kirghizes. secouèrent la suzeraineté ouïghoure. En 840, le khanat fut détruit par les Kirghizes qui chassèrent les Ouïghours de Mongolie. Ces derniers émigrèrent vers l'ouest où ils fondèrent les Khanats ouïghours de Beshbaliq et de Qodjo (Gaochang) qui se maintinrent jusque sous les Mongols au XIIIe siècle. «Il existe un autre type de monnaie ou d'amulette considéré par plusieurs savants (Okudaira, Jiang Qixiang) comme ayant été fondu parle khanat ouïghour de Qodjo. C'est une petite monnaie de type chinois en cuivre rouge portant au droit une inscription pas vraiment claire. Une interprétation donne Amdun yarliq yurisun, «circulant par ordre d'Amdun [qaghan]», l'autre donne Iduq yarliq yurisun, «un décret sacré autorise sa circulation». Ces deux lectures ne semblent pas correct en raison de critères épigraphiques et grammaticaux. La lecture Amdun est manifestement erronée si l'on compare le soit disant mot amdun de la monnaie avec le mot iduq de la stèle bilingue (turc-chinois) de Wuwei où ce mot est parfaitement identique à celui de la monnaie (Geng Shimin & Hamilton James, «L'inscription ouïgoure de la stèle commémorative des Iduq qut de Qoco», Turcica XIII-1981, 10-54, p.23, II-22). Par ailleurs, «ordre d'Amdun» devrait avoir la forme amdun yarligi, ce qui est impossible à trouver sur la monnaie. La seconde lecture est la bonne, iduq yarliq yurisun, mais la traduction «un décret sacré autorise sa circulation» est erronée d'abord parce que le verbe yuri- (yürümek) ne signifie pas «autoriser la circulation», mais «bouger», «prendre effet», et ensuite parce que le suffixe -sûn (ou -zon) est la marque du subjonctif de souhait dont les inscriptions ouïghoures nous donnent plusieurs exemples : yadëlsûn, «que se répande...» ou bolmasun, «Que cela ne soit pas...». L'interprétation de Jiang Qixiang est clairement orientée pour établir une connection entre idûq et Idûq kut, le titre bien connu des qaghan ouïghours de Qodjo, mais la forme abrégée idûq n'est nulle part attestée dans l'épigraphie ouïghoure. Comme le note Mahmud al Kashgharî, idûq signifie kutlu ve mübarek olan her nesne, «ce qui est saint et sacré». L'interprétation correcte semble être «Que le décret divin prenne effet !», un souhait que l'on peut rapprocher du chinois Tianguan cifu, «Que le Fonctionnaire céleste apporte le bonheur ! », et très proche de l'unique inscription portée sur certaines des premières monnaies de la Horde d'Or, Qutluq bolsun, «Que la chance soit [avec vous] !». Le style et la graphie du mot idûq nous conduisent à attribuer ces monnaies au khanat ouïghour de Qodjo (840-ca 1334), sans qu'il soit possible de donner plus de précision. Cependant, le fait que ces monnaies gardent la forme d'une monnaie chinoise nous porte à penser qu'elles ont été fondues durant la période où l'influence chinoise était encore forte sur la région de Qodjo, c'est-à-dire avant le développement de l'émirat karakhanide à la fin du Xe siècle» (François Thierry, «The Currency in the Turkish Khanates from the Turgish to the Great Uygur (7th-9th Century)», The Turks, Ankara 2001, 751-762, pp. 761-762). |
1-Idwq yrlq ywrs-wn, soit îdûq yarlig yûri-sûn, «Que le décret divin prenne effet». Bronze, Ø 22 mm, 2,48 gr. Coll. LML. 2-Idwq yrlq ywrs-wn, soit îdûq yarlig yûris-ûn, «Que le décret divin prenne effet». Bronze, Ø 21,5 mm, 2,60 gr. Coll. LML. IDWQ / YRLQ / YWRS / WN |
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